Yaron Herman en trio pour les 10 ans du Sunside

                                                                                         Par Jo GATSBY  

                                                                     

Yaron Herman en trio au Sunside (Photo Jo Gatsby)

PARIS - Venu jouer trois soirs au Sunside de Paris pour les 10 ans de cette scène créative, sise 60, rue des Lombards, le pianiste Yaron Herman y effectue un retour aux sources, les siennes, le lieu étant le premier - où l'un des premiers - où il s'est assis devant un clavier lors de son ouverture, souligne un de ses fans.

D'entrée (de jeu :-)), Yaron H - ça me fait penser à quelqu'un, prénommé Arthur et fils de H comme Higelin - ouvre son set par un classique bien servi par Chris Tordini (contrebasse) et Tom Crane (batterie), qui accélèrent le tempo tandis que le mélodiste décolle sur des phrasés qu'un Mac Coy Tyner n'aurait pas renié.

C'était "Airlines"! Mais lui n'a pas de sideman soliste, ce qui aide à entendre sa différence. Autre thème, cool et gentiment swingué, dans l'esprit de son nouveau CD "The White Rabbit", qu'il étrenne ici.

Flash back : les seventies, page blanche où les Corea, Jarrett et quelques autres traçaient des lignes neuves entre pop-rock et free-jazz, subtiles antidotes à la bêtise radiophonique ambiante, au temps du vinyle roi et des festivals naissants.

Intéressant, chez Tordini, son doigté à la fois stylé jazz et ses lignes de basse ne déviant pas d'un iota de l'architecture dessinée par Yaron H, qui peut du coup laisser libre cours à une poésie des anatoles qu'on ne lui connaissait pas à ce point là voici deux ou trois ans.

Rituels

Son producteur Christophe Deghelt a raison lorsqu'il décrit le caractère totalement intuitif, neuf et "artiste" de ce pianiste qui est peut-être en marche vers une nouvelle façon de faire vivre son instrument, le jazz avec lui, tout en en honorant exactement les rituels, les codes, les temps d'impro et les rappels du thème pour ne pas perdre "les pauvres auditeurs que nous sommes"!*

Yaron a pas mal gagné depuis, me semble-t-il, en finesse de jeu ce qu'il a laissé lors de sa première mue scénique, le côté je prends mon piano pour un instrument de percussions old style, je joue debout parce que mes auditeurs sont assis, bref, la naissance du géant tranquille qu'il est en train de devenir.

Il y a aussi quelque chose du meilleur de Mike Ratledge, organiste et pianiste du Soft Machine dans ce musicien à 155 doigts! Peu de temps après son dernier concert donné à Vienne, où le public a ri du titre donné en japonais à l'un de ses morceaux, qui veut dire tout autre chose en allemand - Mushi-mushi - Herman aura laissé à Paris à quelques encablures de Noël 2010 l'annonce d'une naissance. Celle du plus grand "Mushi-mushi" de tous les tempos :-) D'un grand bonhomme du jazz mezzoterranéen, europolitain, globalisé.

A suivre au Sunside en décembre, les premières ou les retours d'Alex Tassel (tptte) avec Laurent de Wilde (piano), Baptiste Trotignon (piano) trio, Giovanni Mirabassi (si!!!), Manu le Prince (?), Enrico Rava (tptte), les Belmondo brothers (tptte, saxos), et au Sunset l'immense Rhoda Scott "lady Quartet", avec Julie Saury (batterie), Sophie Alour (saxos), Lisa Cat-Berro (saxo itou). Et d'autres, comme Glenn Ferris (trombone de feu), André Ceccarelli et David Linx, Anne Ducros, un vrai festival anniversaire.

www.sunset-sunside.com

* L'auteure de la formule s'y retrouvera